6 mai 2009

La famille marche toujours en petite cruauté intime, même au Japon

Still walking 
by Hirokazu Koreeda, with Hiroshi Abe (2009) 

Voici la réunion de famille annuelle dans la maison de Mamie, le frère et la soeur revenant avec leurs enfants pour goûter à l'exquise cuisine maternelle. Une journée en famille, avec repas, discussion, promenade, discussion et cuisine, et bavardages : pourquoi un tel métier, et pourquoi ne pas acheter très bientôt un monospace pour cette famille naissance ?

Réunion de famille, et donc brassage de vieux souvenirs, de vieilles rancoeurs et d'incompréhension avec la belle famille, bruit des enfants et alignement de fantômes, bien sûr, la journée chez Mamie comme vecteur idéal pour les différents degrés de fantôme de la famille. Les regrets du père pour la carrière du fils. Le mépris pour la nouvelle bru, toute jeune veuve. Le souvenir effacé et lointain d'un adultère paternel, dans l'ombre d'un disque de Yokohama. Et surtout, immense, le fantôme du fils aîné décédé, noyé en sauvant un nageur imprudent : voilà pourquoi la famille se réunit chaque année, pour honorer le souvenir du défunt, le fils adoré, le préféré, l'aîné ; pourquoi a-t-il dû mourir ainsi, surtout pour sauver un tel bon à rien ?

Still Walking, le portrait d'une journée en famille et donc le portrait d'une famille, distillé par des infimes détails, galettes de maïs frites et pyjama acheté par la mère, dépaysant pour le spectateur européen pour sa plongée dans un milieu japonais ; la cruauté des parents ou les rivalités familiales n'en jaillissent que plus contrastées, surprenantes, comme murmuré en montrant les dents dans un sourire aimant.


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