24 juillet 2010

Knight & Day, un assez mauvais film, mais un vrai bon moment de fun

Knight and Day
by James Mangold, with Cameron Diaz & Tom Cruise (2010)

Une certaine forme de mystère. Un blockbuster aussi bancale, aussi peu suivi par le public ; à la couverture marketing aussi peu réussie, tellement mal placé dans l'année ; descendu par la totalité des critiques. Et pourtant fortement fun à voir.

Tout un mystère donc, mais autour de la conception de ce film, casse-tête pour les studios qui ont apparemment eu besoin de 9 scénaristes pour faire tenir debout cette histoire sans grande surprise. Une belle petite catastrophe industrielle étant donné le budget mis en jeu ou les cachets supposés des deux têtes d'affiches, voire même la renommée du réalisateur ayant créé Walk the Line. Un documentaire sur la genèse de ce film pourrait révéler bien plus de surprise que le film lui-même.

Car il faut bien l'avouer, l'intrigue de ce film est proche de zéro. Tom Cruise, agent secret en caval, implique par hasard Cameron Diaz dans son affaire, et les voici en cavale. Il y a bien une histoire de batterie ultra-puissante à garder à distance des méchants, mais qu'importe ? Le film est un long enchaînement de courses-poursuites, fusillades et tour du monde, aux effets spéciaux suspects et aux transitions scénaristiques brutales voire ratées. Ils courent, ils sautent de continent, ils tuent et tout explose, et voilà.

Mais le fun du film tient à cette forme d'honnêteté vis-à-vis du public. Je vais vous offrir du divertissement stupide. Honnêteté allant de paire avec une certaine forme d'humour, proche de celle d'un nanard conscient, qui ferait presque un clin d'oeil au public : hé, regardez comme c'est ridicule. Et qui intègre même ce gloubiboulga à son scénario, avec une petite trouvaille sympathique. Pour atténuer la peur de Diaz, Cruise la drogue régulièrement, pouvant se battre pendant qu'elle dort d'un sommeil profond. Le film assume alors totalement son côté collage, plongeant dans le noir quand les paupières de Diaz tombe au milieu d'une île tropical, tentant quelques coups d'oeils pendant une explosion en hélicoptère, puis rouvrant finalement les yeux dans un train en Autriche. Le globe-trotting à la James Bond est tourné en dérision, pour ne laisser qu'un fun pur nourri au zapping.

Plutôt malin, pas totalement inélégant. Qui choisit de présenter l'espion comme invincible, surhomme incontrôlable mais aux ressources dantesques, sources des scènes d'action les plus improbables et les moins crédibles. Tuant par là tout suspens véritable : Tom Cruise gagnera toujours, on le sait, il doit recevoir une égratignure syndicale, mais rien de plus. Eliminer la tension dramatique pour offrir les scènes les plus folles possibles : part-pris de surenchère un peu étrange et allant contre toute école de scénario, mais vaguement cohérent avec un appétit de fun des amateurs de pop corn movie.

Il s'agit en fait d'une tentative étrange de mélange filmique : offrir beaucoup de fun spectaculaire et à peu de frais, tout en décentrant l'enjeu de l'histoire sur l'échange amoureux. Car bien sûr, on le sait, Cruise et Diaz joue aussi un jeu de séduction, dans la grande tradition du McGuffin d'Hitchcock, lancer un couple de personnage à la poursuite d'un objectif arbitraire, pour présenter leurs échanges de séduction.

Knight & Day est donc un McGuffin ultime et asséché jusqu'à l'os, où l'enjeu narratif est nul, mais assumé comme tel, afin de laisser tout l'espace au couple vedette. Bien sûr, l'histoire d'amour ne vaut pas grand chose elle-même non plus, le moindre début de profondeur sentimental ne pointe jamais le bout de son nez. Non, il s'agit de laisser l'espace aux acteurs eux-mêmes, les acteurs comme personnages à part entière, dans une longue succession de cabotinage, de sourire, de petites phrases plus ou moins bien trouvées, toujours dans le sens du fun. Force est de constater que le charisme de Diaz et Cruise fait plaisir à voir, particulièrement celui de Tom Cruise, magnifiquement fun et en roue-libre, piochant dans une fantaisie débridée pour livrer une prestation assez réjouissante. Il serait intéressant de le voir dans un rôle comique mieux écrit, où son talent d'acteur toujours réel pourrait s'exprimer à fond.

Au final, donc, il ne semble pas y avoir grand chose à sauver de ce Knight & Day, même pas le titre en mauvais jeu de mot. Mais ces faiblesses sont tellement évidentes qu'on peut les mettre de côté dès les 5 premières minutes du film, pour voir le déroulement d'ensemble avec un petit regard complice, vaguement coupable. On rit ou s'amuse, soit parce que la réplique n'est pas si mal trouvé, soit parce que tout cela est bien ridicule, soit qu'on prenne plaisir à démonter tous les défauts du film ; mais on finit par pouvoir passer un moment sympathique...

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