7 janvier 2010

Precious, potentiellement riche mais bien frustrant

Precious
by Lee Daniels, with Gabourey Sidibe, Mariah Carey, Paula Patton (2009)

Precious campe en fond de classe, volumineuse, affalée, mais il ne faut pas croire, elle est plutôt bonne en maths ; ce serait plutôt la lecture, son problème. Ou un de ses problèmes, la voici déjà convoquée chez le proviseur, renvoyée chez elle : comment, une deuxième grossesse à 16 ans, cela ne peut plus continuer ainsi !

Alors Precious enfile son petit sac à dos et enroule sa démarche lourde sur les trottoirs de Harlem, sans se presser. Sa masse n'est pas seule cause de ses pas mesurés, car la vie n'est pas rose chez elle, avec une telle mère tyrannique. Alors Precious marche doucement, monologuant, rêvant un peu : pourquoi pas diva, les chanteuses d'opéra ne sont pas jugées sur leur physique, et de jolis jeunes hommes à caniche sont souvent tentés de les séduire. Le poids n'est pas toujours un défaut rédhibitoire.

Même si l'on peut sincèrement se poser la question en voyant la quantité de problèmes accumulés par la pauvre Precious. Un livre entier d'étude de cas pour assistante sociale : songez un instant à un problème que puisse rencontrer une adolescente noire, et, n'ayez crainte, Precious l'aura. Deux grossesses donc, causés par des viols incestueux ; son aînée vit chez sa grand-mère et elle ne la voit jamais ; sa mère la bat, comme si les viols paternels n'étaient pas suffisants, et elle la force à manger sans arrêt pour l'humilier ; Precious a été renvoyée de son école ; et me croirez-vous quand je vous dirai que le père violeur était séropositif ?

Une liste de misères à la terrible surcharge pondérale ; surtout en 1h30 de films : Les Misérables font 1000 pages, eux, au moins !

Bon, bien entendu, de tels destins brisés existent, alors acceptons, et retenons les soupirs quand tous les dix minutes un nouveau détail sordide vient faire ployer les épaules de Precious. Gardons un oeil attentif sur l'histoire édifiante, sur la rédemption, le petit peu de nouvelle chance offerte par une professeur patiente. Soyons patients, dégustons l'histoire émouvante et régalons-nous de cette belle humanité.

Hélas, l'actrice soutient joliment ce rôle complexe, fragile et complexé, mais la réalisation semble désagréablement dispersée et peu de scènes semblent vraiment prendre. Peut-être ai-je été un peu perdu par ces accents de Harlem, mais chaque petit effet m'a paru un peu raté. Les musiques sont agréables, mais pas toujours bien placées, ou surgissent un peu tôt, tuant quelques échos d'émotions, étouffant la traîne d'une scène plutôt réussi. Quelques soupçons de scènes oniriques, mais au final plus répétitives qu'autres choses ; quelques scènes de rues, mais sans la verve du Spike Lee des années ; pas mal de caméra tremblant, mais les zooms semblent maladroits, n'offrent pas d'espace aux comédiens, ne laissent pas se diffuser la vie et les sentiments. Quelques scènes violentes, un peu gênantes par leur gratuité plus que par leur contenu.

Bon sang, un film duquel je n'ai su tirer aucun fil directeur, aucun élan, pas de vraie tension !
Un film au personnage potentiellement intéressant, mais au final bien superficiel. A nouveau, un film qui ne parvient pas vraiment à apporte pas grand chose de plus que les quelques lignes de son pitch, un film bien frustrant du point de vue cinématographique.


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