15 octobre 2010

Avec Grimus, Rushdie offrait un faux-départ fantaisiste et fou à sa carrière

Grimus 
by Salman Rushdie (1975)

Tant d'auteurs à lire, tant de nouveaux, mais aussi tant de retard dans les grands noms. Sans même parler des classiques, tout cette culture littéraire qu'il me faut combler peu a peu, il est dommage de mal maitriser les valeurs sures contemporaines. Ainsi, Salman Rushdie : voila bien un nom à la qualité reconnue, et dont je n'avais pourtant pas lu une ligne jusque récemment. Profitant de la vaste bibliothèque bilingue d'Ottawa, je me suis donc plonge dans les rayons en R-U, sans trop savoir quel volume choisir dans ceux portant le nom de Rushdie. Alors autant commencer par le commencement, avec son premier roman...
Un choix à l'aveugle finalement malin, et chanceux. Le livre est un objet fort singulier, et a été plutôt méprisé par la critique. Je n'aurais certainement pas fait sa découverte si j'avais effectue quelques recherches préalables. Piocher dans les rayons permet parfois d’être chanceux !

Flapping Eagle est un indien mis a l’écart de la tribu, un donneur de mort, puisqu'il est né malgré la mort de sa mere en couche. Il ne peut vivre qu'avec sa soeur, mais celle-ci disparait un jour avec un mysterieux inconnu qui lui a offert l'immortalite. Bouteille jaune pour l'immortalite, bouteille bleue pour pouvoir se donner la mort une fois la lassitude venue apres les siecles des siecles... Flapping Eagle ne traine pas longtemps dans la tribu, boit la bouteille bleue, se fait gigolo pour une riche femme fortunee, parcourt le monde pendant 777 ans et 7 jours. C'est alors qu'il rejoint l'ile de Calf, qui accueille les immortels, ile perdue dans une autre dimension...

Quelle claque que ce livre, les premières pages lancent les surprises les plus fantaisistes sans préavis, immortalité, autres dimensions, personnages surprenants et hauts et couleurs, humour, érudition. Le tout superbement ecrit, avec un joli rythme, un réalisme magique plus fantaisiste et moins réaliste que "Cents Ans de Solutide" de Garcia-Marquez. Une voix unique, une voix folle, à l'imagination fascinante.

Au coeur de ce melange bizarre et hétérogène surgissent des descriptions d'intelligences supérieures incapables de mouvements mais aussi des références a la culture d'Inde. Cocktail surprenant, et la page Wikipedia permet de se rendre compte que je n'ai pas saisi toutes les références mises en jeu, le complexe symbolisme. Toute une richesse cachée, qui n'alourdit pourtant pas la lecture, grâce au talent de conteur de Rushdie. L'histoire d’immortalité n'est peut être pas tellement passionnante en soi, au final, mais il est impossible de s'ennuyer a la lecture de Grimus, renouvelant les situations de sa petite comédie humaine en microcosme. Certes, certains lecteurs décrocheront rapidement devant l'accumulation de folie théoriques et fantaisistes bourgeonnant des les premiers chapitres. Mais ils passeront à cote des magnifiques passages dans le village de K, microsociété aux personnages caricaturaux, dont l'humour fait parfois penser a la folie absurde, parodique mais cohérente de Terry Pratchett.


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