23 septembre 2009

Margaret Atwood devra proposer un peu plus pour me convaincre

Surfacing
by Margaret Atwood (1972)

"Un des meilleurs romans du XXème siècle", proclame le New York Time en quatrième de couverture. Force est de constater que mon premier contact avec Margaret Atwood est loin d'être aussi enthousiaste.

Deux couples partent pour quelques jours dans une cabane isolée sur une île, perdue dans la nature canadienne. La narratrice y a passé son enfance, maison construite par ses parents, et la voici de retour suite à la disparition de son père. Les habitants du village ne retrouvent plus trace du vieil homme, et elle vient donc savoir ce qu'il en est, accompagnée de son compagnon et d'un couple d'amis, groupe de citadins.

Le court roman s'écoule à travers les monologues de la jeune femme, à l'esprit plutôt déboussolée, vaguement naïve, sans prise dans la société ou dans sa vie. Illustratrice peu convaincue. Revenue d'un mariage peu convaincant. Vivant depuis quelques temps avec Joe, sans conviction. Elle remet les pieds dans le monde de son enfance, retrouves les gestes de la nature, du jardinage et des excursions en canoë, pour le plaisir un peu bête de ses camarades sans expérience de la nature. Les demi-hippies découvrent la vie naturelle.

Rapidement, le schéma du livre se dessine assez clairement, les vagues flashbacks de la voix centrale, les jeunes gens plutôt superficiels, et ce jusque dans leur anti-américanisme mécanique.

Mais le livre ne semble pas transcender les thèmes rapidement posés, le roman des angoisses de la narratrice, les romans médiocres des jeunes stupides, l'accumulation des détails acides. L'élan manque, d'autant plus que le style est volontairement dépouillé et simple, à travers la voix de la narratrice au regard vaguement perdu. Oh, tout cela est joliment agencé, belle construction de chapitres et phrases réglées avec justesse, intrigue déroulée avec douceur et sens de la nouveauté. Un artisanat fin et assez ennuyeux, finalement.

Car cette presque virtuosité plate m'a semblé manquer totalement de poids pour un lecteur des années 2000. L'ennui vient certainement de l'aspect très convenu de la situation et des thèmes, qui semblent bien vieillots et dépassés, très datés "début des années 70". Retourner à la nature, les hippies perdus dans la vraie nature, les citadins envahissant la campagne comme des conquérants ; mais encore ? Le constat était assurément plus percutant à la sortie du livre, mais le roman ne parvient pas vraiment à sublimer le regard sur la société de l'époque, à en tirer vraiment plus ; vers la fin, la jeune fille voit sa raison fluctuer, pencher vers la folie, et ces visions sont juste ridicules. Il ne reste donc plus grand chose à se mettre sous la dent.

Bon, je l'avoue, le regard sur la nature m'a parfois fait soner à "Vendredi ou les limbes du Pacifique", et la comparaison n'était pas flatteuse pour ce "Surfacing" assez moyen.

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