30 mars 2009

Trois segments et un centre troublant entre l'humour

Memorîzu 
by Kôji Morimoto, Tensai Okamura and Katsuhiro Ôtomo (1995)

Une station spatiale abandonnée, tournant au rythme du souvenir et d'une cantatrice.

Un jeune chercheur déclenchant une alerte bactériologique en gobant une gélule bleu et rouge.

Une ville surchargée d'immenses canons, tirant sans fin vers un ennemi invisible.

Difficile de dégager une véritable unité entre les trois segments de ce long métrage animé japonais. La mémoire, pour tous les trois ? Elément évident du premier tronçon, arrière-plan de la dernière section, étendue comme une vision uchronique des délires guerriers de la première mondiale : casques dorés, villes immenses devenues abords de tranchées. Mais où classer la partie centrale et son dénouement burlesque, sa chute un peu facile ?

Pourtant moins travaillées esthétiquement, cette section centrale fascine fortement dans toute sa première partie, dépouillée des clichés qui peuvent alourdir un peu les autres tiers. Ici, un simple chercheur gobe une nouvelle pilule pour combattre sa fièvre ; à son réveil, tous ses collègues du centre de recherche ont été terrassés, gisent sur le sol, affreuses grimaces et membres distordus. Il appelle les secours, enfourche son vélo pour s'échapper, et ne cesse de rencontrer des cadavres, être saisis par la mort en pleine action, oiseaux tombant en plein vol. Vision d'horreur dans la lumière éclatante du soleil, attaque biologique introduite dans un dessin animé guilleret.

Certes, rapidement, les avions déversent bombes et missiles sur le pauvre cycliste, étirant l'idée comme un gag qu'il faut pousser au maximum ; mais l'idée originale impressionne et dérange toujours malgré cet humour énorme. Un homme devenant arme biologique par l'intermédiaire de sa seule transpiration, diffusant la mort tout autour de lui, et plus rapidement encore quand les émotions l'assaillent et le font suer plus intensément. Un seul homme pour tuer tous les autres malgré, l'attentat suicide biochimique.

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