30 mars 2011

Diamond Rings en ballade douce amère dans la nuit

It's not my party - by Diamond Rings (2011)

Février 2010, le théâtre d'Outremont accueille Owen Pallett pour un joli concert à Montréal. Les demeures bourgeoises d'Outremont sont entourées de neige, petits restaux agréables dans la rue où je déguste une soupe à l'oignon avec un kir : la soirée s'annonce douce et touchante avec le violoniste et ses chansons à tiroirs.

Mais la première partie s'ouvre surprenante sur une longue brindille insoupçonnée. Comme Pallett, un artiste solo, lançant les beats sur sa petite machine, puis pianotant sur le synthétiseur ou plaquant des accords sur sa guitare, des assemblages vaguement indie, assurément pop. La musique flotte agréable et détendue, rigolote, mais c'est l'aspect de ce personnage qui capte l'imagination. Immense silhouette longiligne et colorée, baskets vintage aux teintes violettes, collant zèbre sur ses baguettes de jambes, blouson en jean cintré, coupe peroxydée et maquillage mauve mi-Bowie, mi-années 80. Voilant une saisissante figure glam à l'humour intense, à la présence modeste, un personnage, une vision.

Je ne connaissais rien de Diamond Rings avant cette apparition. Pourtant, le personnage faisait le buzz depuis quelques mois dans le milieu indie. Et une histoire pas banale...

A l'été 2008, John O'Regan se retrouve à l'hôpital. Il est chanteur du groupe The D'Ubervilles, groupe post-punk de la scène de Montréal. Le séjour traîne un peu, le moral est bas, John O'Reagan se met à travailler sur des chansons à l'hôpital, avec les contraintes liées à ce cadre. Un véritable projet solo, par la force des choses, dont la teinte s'éloigne peu à peu de l'indie punk des D'Ubervilles. Car c'est en figure glam que John O'Regan sort de l'hôpital, Diamond Ring à la coupe de outrageuse, au maquillage appuyé, aux vêtements fluo sortis d'un magasin d'occasion ou de certains films d'Almodovar.

Une métamorphose assez fascinante, une petite légende indie, insuffisante à expliquer l'enthousiasme du public d'Outremont, ce soir de février 2010. Le public de la première partie s'embrase pour Something Else, tube qui a parcouru les blogs à l'hiver 2009-2010, petite bombe entêtante à l'efficacité imparable, au charme pop indéniable. La puissance du morceau est telle que je l'ai entendu sur une radio commerciale en décembre 2010...

Personnalité intrigante, tube pop pour prendre de l'élan, la trajectoire prend finalement son envol à l'automne 2010, avec la sortie de l'album Special Affections. Album salué par le monde de l'indie nord américain, notation enthousiaste sur Pitchfork, couverture du journal gratuit Exclaim! : un écho porté par la puissance des chansons, loin d'être des copies du tube Something Else, offrant une sensibilité douce, joliment écrite, cristalline, mouvante. Une complexité caché sous des ingrédients dépouillés, très simples, mais un maniement du song-writing assez fascinant...

La nouvelle video pour It's not my Party illustre bien ces différentes facettes. Ballade doucement entêtante, toute simple, aux écorchures discrètes, et la vidéo s'écoule à l'unisson comme une déambulation nocturne et mélancolique. Voir Diamond Rings serrer les manches de son anorak blanc dans la nuit est une image d'une superbe poésie urbaine.

25 mars 2011

Marquis de Sade en Cold Wave et Noir et Blanc

Wanda's loving boy by Marquis de Sade (1980)

Certains titres se suffisent à eux-même, savent créer leur petite légende. Ils s'invitent un jour, apparaissent  sans prévenir, au détour d'une écoute radio, d'un blog, d'une compilation préparée par un ami. Collés à quelques souvenirs, séduisants, intrigants, simples mais évidents ; petits assemblages presque modestes, dont on décode peu à peu le cheminement, dont on se met à retrouver les petites sinuosités. Une richesse du détail qui n'a besoin de rien d'autre, pas même de chansons d'accompagnement, d'un album complet, encore moins d'anecdotes sur les interprètes.

Marquis de Sade, un nom de groupe marquant, un titre perdu sur une compilation des Inrocks il y a 6 ou 7 ans. Quelques mots-clés, new wave rennaise, post punk, amis de Daho. Et rien que ce titre, Wanda's loving Boy. Quelques sursauts de synthétiseur, la paire d'accords de guitare répondant au roulement de basse, la voix distante aux arrière-goûts frais de cold wave à l'accent français, les moments de suspension, les aspirations de saxophone. Un scénette de théâtre, quelques bouts de ceci et cela, des poupées de chiffons, un petit film en noir et blanc ; mais tout ceci défile fluide, et se repasse encore et encore, s'imprime, reste fascinant mois après mois après années.

J'ai cherché un peu l'album Rue de Siam, dans quelques magasins parisiens. Sans vraiment pousser les recherches très loin. Sans aller jusqu'à explorer les plates-formes de téléchargement. Ce morceau suffisait, son histoire personnelle, sa magie infinitésimale.

Et puis, un peu par hasard, j'ai découvert cette vidéo, le clip noir et blanc datant de 1981. Images stylisées, ambiance délicate au diapason, silhouettes sombres et fines ; les cheveux épars, pas encore surchargées comme les Cure quelques années plus tard. Petits rebelles à l'élégance sobre. Une belle petite pépite, comme le morceau lui-même, et comme la chanson, j'ai chaque fois envie de revoir la vidéo à la fin d'une vision. Sans savoir vraiment le justifier, ou alors très poétiquement, si je voulais vraiment essayer, quelques impressions, quelques faisceaux, quelques couleurs, teintes et échos - mais une douce musique, de doux flots. Et peut-être enfin une envie d'en savoir un peu plus ; mais peut-être pas, qui sait ?


22 mars 2011

Magick by the Klaxons (2006)

Je n'ai jamais été extrêmement intéressés par les Klaxons. Bien sûr, j'aimais bien Atlantis to Interzone, sa folie tourbillonnante, ses sirènes, petit tube de dance et de rock sympathique. Le label New Rave collé par le NME, le buzz, les discussions sur le retour des sweat-shirts à capuches fluo ne m'avaient pas particulièrement intéressés. Je ne suis même plus sûr d'avoir écouté leur premier album Myth of the Near Future ; pourtant primé du fameux Mercury Prize en 2007.

Je les avais un peu oublié, je dois dire, et la sortie de leur deuxième album l'été dernier ne m'a fait ni chaud ni froid.

Mais samedi, j'ai aperçu Myth of the Near Future à la bibliothèque, et je l'ai emprunté. Il faisait beau, le printemps semblait bien installé, un peu de pop et de folie pour le week-end. Et j'ai été agréablement surpris par le disque, joliment psychédélique, plutôt travaillé, un bel assemblage aux tubes efficaces. Oui, il a de sacrés bons petits tubes.

Dont ce Magick, au charme assez ravageur. Je me souviens d'avoir regardé mollement la vidéo au moment de sa publication, il y a quelques années. Vidéo assez cheap, bien bricolée, avec un petit charme de série B à deux francs ; mais au final assez abominable, la revoir l'a confirmé. Désagréable impression qui ne m'avait pas vraiment donné envie d'écouter le single, et c'est bien dommage. Sans les dégueulis vert fluo, le titre s'écoule hypnotique, basique, brutal, sans fioritures : cavalcade de batteries, petits cris en fond, et même un pont pas désagréable (même si assez basique). Les sursauts de basse sont même plutôt sympathiques.
Alors allons-y, une petite sucrerie pour débuter la semaine : gardez les oreilles grandes ouvertes, les images sont sans importance ici...

13 mars 2011

Le Femme en boucle Sur La Planche - et comparé à des Suédois

La Femme - Sur la Planche (2011)

Un article plutôt laconique sur les Inrocks, avec quelques expressions presque passe-partout. "Des cool kids de 17 ans et un peu plus, que l'industrie du disque s'arrache déjà en coulisse, et qui ont fait de leur liberté leur atout le plus cher.", dit l'article. Difficile d'en savoir plus au sujet de La Femme, qui n'a pour l'instant sorti qu'un EP.


Mais le single est agréable & fun, et l'on peut s'amuser à citer les références, comme le font les Inrocks. Une New Wave francophone désabusée et chic, façon Taxi Girl, le côté surf music évident du titre. Je songe aussi à du pyschobilly, ces roulements un peu hypnothiques, aux accents de film de genre ; impression renforcée par la touche "film noire de surf" de la vidéo.
Et bizarrement, même si le son est assez différent, les Raveonettes me sont venus à l'esprit. Pour la distance du chant, certainement, le côté pop song légèrement pervertie ; même si les suédois sont bien plus saturés et rock que les jeunes français. Peut-être ai-je aussi fait une association par les vidéos : même moins stylisé que celui de "Sur La Planche", le clip de "The Great Love Sound" s'écoule aussi en petite parodie de film noire...