by Douglas Sirk (1954)
Bob Merrick, jeune héritier milliardaire, profite de la vie ; un sportsman, dit-on, passant ses journées dans des activités profondes comme battre des records de vitesse en bateau. N'est-ce pas attendrissant ? Vie de risques, et l'accident survient, sans trop gravité car le SAMU a pu dénicher un respirateur artificiel non loin.
Mais voilà, cet appareil appartient au Dr. Philipps, en cas d'accidents cardiaques, et justement, l'attaque survient au même instant ; et le brave docteur succombe pendant que l'appareil médical sauve le jeune sportif superficiel. Ce dernier est secoué par la nouvelle, on s'en doute, et tente de se faire pardonner de la veuve ; fort maladroitement ; il tente de lui parler malgré sa résistance, et celle-ci glisse sous les roues d'une automobile, se voyant condamnée à rester aveugle à vie...
Le jeune Merrick est définitivement bouleversé et tiraillé par la culpabilité. Il va appliquer la philosophie de feu Dr. Philipps ; aider les autres en secret, sans arrêt, pour faire le bien autour de lui. Merrick multiplie les dons anonymes, en particulier en soutien à la pauvre veuve Philipps, chez qui il se rend en secret tous les jours pour lui faire la lecture ; l'aveuglement permet de conserver son anonymat. Et, qui sait, les études de médecine qu'il a repris permettront peut-être d'opérer l'aveugle, tellement séduisante au demeurant ?
Le scénario est abracadabrandesquement mielleux, saturé de morale facile et de sentimentalité bon marché. On parle du premier grand mélodrame de Douglas Sirk, maître du genre à Hollywood dans les années 50, mais le scénario paraît terriblement difficile à faire décoller. Et pourtant, le spectacle reste assez fascinant ; femmes magnifiques aux longues robes colorés, sourires éclatants et brushings parfaits, mines éplorées devant tant de misère humaine éparpillée dans de riches propriétés aux bords de lacs verdoyants. D'infinies cartes postales dans un technicolor superbe, aux cadres travaillés et inventifs. Un profond plaisir des yeux en laissant défiler les dialogues étouffés, en fond sonore, comme un accompagnement dérisoire au travail plastique ; tant de virtuosité pour une histoire aussi cul-cul !
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