5 avril 2009

Oubliez la question de l'écriture et écoutez les échanges humains

Un chat, un chat 
de Sophie Fillières, avec Chiara Mastroiani, Agathe Bonitzer et Malik Zidi (2009)

Célimène a 35 ans, un jeune fils, un grand appartement parisien en travaux et ne parvient pas à écrire son troisième roman. D'ailleurs, elle préfère maintenant qu'on l'appelle Nathalie.

Les premières minutes confirment le terrible pressentiment suggéré par cette situation initiale, la confirmation des clichés réducteurs concernant le cinéma français : encore un film d'auteur se focalisant sur les doutes d'un créateur, dans le microcosme parisien, les angoisses de la trentaine présentées dans un récit sans histoire. Petites angoisses présentées avec humour, certes, les mignonnes mimiques de Chiara Mastroiani et ses crises soudaines d'aphasies. Le rythme ne prend pas trop dans cette succession de scénettes sans grand fil directeur ; la réalisatrice a-t-elle une boussole ou enchaîne-t-elle mollement les mignonnes trouvailles sans autre soucis que le sourire du spectateur ?

Mais peu à peu les personnages prennent de l'épaisseur derrière le sourcil gauche levé et les séducteurs hongrois dragués muettement. La groupie qui poursuit l'auteur en panne dessine ses traits d'étudiante d'hypokhâgne, l'ancien amant révèle sa fragilité, le jeune fils dessine le quotidien d'une vie seul avec sa mère.

L'enjeu autour de l'écriture ne devient pas vraiment plus intéressant au fur et à mesure de l'avancée du film, d'ailleurs ; elle n'écrivait plus, elle ne parlait plus, puis elle écrit à nouveau, elle écrit sur sa jeune amie étudiante, elle la met en scène, elle cherche à s'imprégner de la vie de l'autre, qui se prête peu à peu au jeu qu'elle demandait de ses voeux. Rien de très original, l'écrivain présenté en metteur en scène du monde qui l'entoure, mais aussi en petit vampire de l'autre et de son intimité.

Rien que de très accessoire en fait, la question de l'écriture fonctionne plutôt comme source de bons mots émaillant les échanges entre personnages, véritable point fort du film dans sa dernière partie. La direction d'acteur et les jolis choix de mise en scène révèlent leur force quand Nathalie reçoit son amant dans un appartement couvert de bâches plastiques pour lui annoncer froidement qu'ils doivent se quitter ; ou quand la jeune hypokhâgne revêt un abominable foulard bariolé pour rejoindre son premier amour aux boucles rebelles. Les minces mouvements de sourcils  des filles deviennent riches et font de ces instants d'inimitables scènes de rupture et de premier amour, subtiles, réjouissants, grand moments de jeu d'acteur et de cinéma.

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