10 avril 2009

Battre des mains sur une boucle fraîche dessinée au crayon de couleur

Genius of Love 
by Tom Tom Club (1981) 

Quel plaisir de tomber par surprise sur un morceau connu de chanson, un sample utilisé ici ou là et que l'on découvre dans sa nudité et sa fraîcheur natale. 

Les premières mesures de Genius of Love, la guitare funky mais minimale, les gloussements synthétiques, on tique, on cherche, où on-t-on déjà entendu cela ? Ne serait-ce pas un quelconque tube commercial, le détour d'une grosse radio ou un collègue écoutant le titre au boulot ? Dans une version approchant, dans un état similaire, dans un remixe ?

Genius of Love est présenté comme l'une des chansons les plus samplés dans le rap et le r'n'b. Publiée en 1981, gros tube de club dans sa version maxi 12", et même pas un an après, on retrouve ses gloussements dans des titres de rap, ce genre alors presque inconnu. Grand Master Flash, pionnir hip-hop, y touche dès 1982, et la chaîne atteindra son apogée avec Mariah Carey elle-même au milieu des années 90.

Phénomène d'autant plus amusant que le morceau original est lui-même décrit comme un pionnier du hip-hop...

Tom Tom Club est groupe créé par deux musiciens des grands Talking Heads, couple à la ville. Side-project naissant à la suite des sessions un peu compliquées de l'album Remain in Light des Talking Heads, si mes souvenirs sont exacts ; cet album avait marqué un rapprochement entre le chanteur David Byrne et le producteur Brian Eno, partis un temps bricolés avec des enregistrements radios du monde entier. Tina Weymouth et Chris Franz décident alors de jouer ensemble, de continuer à explorer leur groove tendu de petits blancs newyorkais, et d'y mélanger quelques ingrédients du jeune hip-hop. Le genre en question est alors largement inconnu hors de New York, sa patrie d'origine.

Genius of Love et Wordy Rappinhood sont donc parmi les première incursions de musique inspirée du hip-hop dans les tops anglais...

La fraîcheur du titre est encore impressionnante, des percussions amusantes, surgissements de petits sons, ce chant bavard et éthéré, et les interventions saisissantes de passages parlés, comme improvisés et hurlant soudain "JAMES BROWN". Mais peut-être ai-je mal compris ?

Le clip est un joli moment également, rappelant la proximité des musiciens des Talking Heads avec les milieux artistiques. Un dessin animé sursautant comme les claquements hilares de la chanson, dessin naïf et jolis filles comme les princesses tracées au feutre par une petite fille de CE1. Les immeubles dansent et les nuages fondent soudain comme un damier de Piet Mondrian, on y découvre même des taggers au pied du Chrysler Building de New York, les rastas tracées par un Douanier Rousseau urbain. Cette sucrerie colorée, naïve et d'avant-garde a dû créer un drôle d'effet sur les écrans télés de 1981, peu habitués au principe du vidéo clip musical !


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