by Supreme NTM (1998)
Bien entendu, NTM est devenu la bande son idéales des récentes émeutes de banlieue, ces soulèvements de jeunes en survêtements perdus dans les barres de béton, jeunes qui se mettent à crier leur mal-être d'une manière très directe. Tout un réflexe de journaliste paresseux dans ce bien entendu, dans cette bande son évidente, et un parallèle bien réducteur assurément : est-il vraiment juste de dire que tous les jeunes des cités écoutent du rap ? Correspondent-ils à l'archétype caricatural qui surgit dans l'esprit des auditeurs, ces candides qui ne connaissent de NTM que quelques clips lourds et les entrefilets des pages de faits divers ?
Raccourcie et paresse journalistique dans ce choix évident de titres âgés de plus de dix ans pour illustrer les images de cités. Mais réflexe symbole de la force de ces morceaux, qui ont été capables de condenser tout un imaginaire en quelques beats et quelques rythmes. Joli tour de force artistique, quand on y songe.
Et ce tour de force tient essentiellement à l'énergie fascinante convoquée par ce titre d'à peine 3 minutes. Trois accords de piano haletants, quelques petites percussions sèches, deux basses très lourdes en fond sonore simple, efficace, magnifique. Comme toute bonne production hip-hop, ce ruban offre un écrin sombre pour les éructions de deux MC stars, Kool Shen aux vers fins et rimes ajustées, et le grand Joey Starr plus bestail que jamais. Le sujet des mots en deviendrai presque accessoire, n-ième évocation à la gloire du département, la Seine St Denis. Mais les mots importes finalement, pièce clé dans la mythologie des banlieues, l'utilisation systématique de l'expression 9-3, le passage dans la langue courante de l'expression "c'est d'la bombe baby".
Sans hésitation, un immense single des années 90, un éclair singlant, un morceau de culture à garder précieusement au chaud, une pièce centrale. Youtube ne dit rien d'autre : "French best rap".
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