24 février 2009

Huit oscars pour un scénario de petit malin

Slumdog Millionaire 
by Danny Boyle (2008)

- Voici la preuve que l'on peut faire un très grand film avec un petit budget.

Je me permettrais de corriger légèrement ma voisine de séance en parlant d'un "joli divertissement sans budget astronomique". 15 millions de dollars ont tout de même été posés sur la table pour donner naissance à cette jolie sucrerie plongée dans la ville de Mumbai. A savoir l'histoire d'un jeune des bidonvilles qui grimpe peu à peu les marches de la fortune grâce au fameux jeu "Qui veut gagner des millions ?". Les plans de bidonvilles et du Taj Mahal alternent avec les images télévisées ou les poursuites de gangsters pour tisser un enchaînement de scènes plaisantes et de petites surprises scénaristiques.

Car il m'est difficile de ne pas voir en Slumdog Millionaire un bel exemple de film à scénario. Le rythme du film tient grandement grâce à cette alternance parfaitement troussée, les questions du jeu se voyant associées aux péripéties de la vie du héros, toutes les petites tragédies qui frappent les jeunes chiens des bidonvilles. Alternance à laquelle, je dois bien l'avouer, j'ai souvent eu du mal à adhérer ; que ce scénario m'a paru parfaitement ajusté, trop parfaitement et artificiellement ajusté ! Un scénario de petit malin dont les ficelles si fines m'ont vite fait lâcher quelques jurons dans la salle de cinéma. Les Trois Mousquetaires ! Les dollars ! Et les chansons ! Et le criquet ! Et mon cul c'est du poulet !

Les effets de réalisation de Danny Boyle m'ont également paru outrés, par moment, gratuitement surexcités, tirant trop vers le montage saccadé et cédant à la tentation du clip musical. Quelques jolis plans et séquences surnagent mais le mouvement d'ensemble sursaute trop souvent et choisi la voie de l'efficacité facile et rapide. Danny Boyle laisse trop rarement le temps au spectateur de regarder les choses, aux comédiens de faire vivre leurs personnages totalement, au récit de mûrir doucement.

Mais l'intérêt du film n'est certainement pas dans l'intériorité de ces personnages ou la beauté esthétique d'une histoire sans surlignage ; et ce n'est pas un problème. Slumdog Millionaire reste un bon moment de cinéma grand public, et les réserves tatillonnes de ceux qui cherchent leur idéal ailleurs ne changeront rien à son succès, plutôt rafraîchissant. 

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