by Grizzly Bear (2009)
Quatre silhouettes dans une petite église de bois. Quatre garçons bien peignés dans leurs amis du dimanche dérisoires, mèche instable, légèrement grasse sur leurs joues rondes. Une mince mélodie de piano, des choeurs entre en jeu, doux, ce doit être la chorale. Une voix placide se pose lentement et marche à son rythme entre les élans chantant.
La nouvelle vidéo de Grizzly se lance minimale, troublante, une atmosphère provinciale et mince, désuète dans son pull gris et ses pantalons de velours côtelés ; quatre figures étrangement souriante, rayonnante sans que l'on se devine pourquoi si ce n'est le goût du chant, singulièrement lumineuse ; une affiche peinte pour un savon des années où le bébé s'affiche potelé et aux rondeurs trop rouges. Des visages pleins l'écran et un jeu de regard très simple, sourire détendus et radieux mais insidieusement crispants, de doux bonds d'images suivant la tonalité légère du morceau, cristallin et fragile, nuancé, subtile.
Les images défilent en une mince scène déshumanisée, une installation chaleureuse mais distantes, à l'éclat insaisissable, pas vraiment partagé par le spectateur en quête de repère. Un jeu mécanique boisé, ballet d'automates du XVIIème siècle, robots organiques car faits de bois, de cuivre et de cuir ; voilà en quelques secondes une vidéo rappelant le décalage absurde et humaniste des films de Roy Anderson.
Mais la vidéo monte soudain trop vite une marche, convoque lumière intense et auto-inflammation dans une envie de progression mal maîtrisée. Les images veulent évoluer, trop raconter, changer trop vite ; le morceau évolue légèrement sur la fin, peut-être un peu plus mécanique, mais de manière infime, indécelable, deviné après plusieurs écoutes. La vidéo se fait trop démonstrative et perd la musique en route, tente de vivre sa vie et devient creuse : la fin ne fonctionne pas, il me semble, mais les deux premières minutes restent douces et délectables.
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