23 juin 2009

Un joli goût de Charlie Chaplin dans un sous-sol du Fringe Festival

Inclement Weather
by Nicolas di Gaetano

21/06/2009 - Ottawa Fringe Festival

Pantalon large, petite moustache, cheveux courts mais bouclés, poivre et sel, il vient de surgir d'une longue caisse en bois bleue ; regarde sur sa gauche, une lueur commence à clignoter. Une cloche, quelques coups répétés, un souffle de vent, bruits de roues sur des rails métalliques, le train passe ; regards affolées, les yeux zigzaguent de droite et de gauche, la lèvre tremble, le regard reste suspendu hébété une fois le convoi passé. Le train ne s'est pas arrêté.

Le tonnerre résonne sans se faire attendre, la pluie, le vent, la silhouette se met à grelotter devant les quatre rangées de dix spectateur, souriant au sous-sol du Café Alternatif de l'Université d'Ottawa. Aucune parole n'a encore été prononcée mais le public est quasiment conquis par ces quelques minutes, plaisir simple de retrouver un système familier et des repères comiques, cette silhouette rappelant Charlie Chaplin aux mimiques justes et drôles. Le voyageur, ou le vagabond, ou l'étranger, on ne sait pas trop, va peu à peu jouer tout seul pour tuer le temps. Prendre un bain dans sa malle. Imaginer un vélo avec son parapluie. Pagayer jusqu'à une chute d'eau : c'est fou ce qu'on peut faire avec une malle et un parapluie, avec un bon talent de comédien.

Nicolas di Gaetano délivre ses numéros avec douceur, sans trop en rajouter, jouant du regard et interagissant avec le public. Le sel du spectacle tient ainsi aux petits dialogues qui se nouent avec le public, transmission d'un cornichon au premier rang, et surtout collection de mots proposés par le public. Notre vagabond parle très mal l'anglais, en effet, migrant perdu dans un pays froid, voulant aller là-bas, dans cette direction, sur la droite de la scène, côté cour. Il parle à peine l'anglais, mais veut s'exprimer, alors, quand il grelotte, il jette un regard vers le public, et récolte le mot "cold", joue avec content de posséder dorénavant cette nouvelle pièce dans son vocabulaire. Jeu naïf avec les mots, les objets et les mimiques : cinquante jolies minutes de théâtre dégustées avec joie un dimanche après-midi.

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