4 juin 2009

Le déferlement d'une Screwball Comedy des années 30

Twentieth century 
by Howard Hawks, with Carol Lombard & John Barrmore (1934) 

Broadway, les années 30, un metteur en scène lance une jeune polonaise inconnue, contre les avis de ses associés : bon sang, cette jeune fille est incapable de jouer, une vraie catastrophe ! Mais le diamant est bien, il suffit de le polir, et bien vite, l'étoile s'installe sur la porte ; et la comédienne dans les bras de son mentor. Mais, avec un homme si possessif, le couple peut-il durer, malgré les succès ?

Encore une comédie sur Broadway et son microcosme du show business, comédie auto-référante produite si souvent par les studios américains : bien entendu, la recette fonctionne dans les premières séquences, dialogues au rythme de mitraillette, humour cinglant, gags distrayants, mais comment tout cela va-t-il évoluer, lancé sur cet élan efficace mais prévisible ? Et là, au tiers du film, tout le petit se trouve rassembler dans un train, unité de lieu qui donne véritablement le coup d'envoi à une folie débridée : une immense farce sans contrôle, et il y a même un nom précis pour ce déchaînement, la Screwball Comedy.

Le train s'enfonce dans la nuit et surgissent les figures les plus improbables. Voici un fou échappé de l'asile couvrant les murs de stickers religieux. Voilà un duo de juifs allemands, chanteurs à la barbe immense et à l'accent à couper à couteau. Les assistants du metteur en scène rejoue le duo de Laurel & Hardy, boule massive déboussolée & mince échalas ouvertement ivre. Vous ai-je parlé d'un pistolet ou d'un projet de péplum scénique mettant en scène Marie Madeleine au milieux de chameaux ? Le metteur en scène et son ancienne protégée atteigne des sommets d'hystérie insoupçonnés, rebondissant sur chaque idée et la première lubie venue, hurlant, riant, s'arrachant les cheveux, et les comédiens sont bluffants dans leur amplitude folle.

Et comptez sur Howard Hawks pour ajouter une tonalité elle-même un peu démente, un peu sombre, un peu ambiguë. Ce qu'il faut de cynisme discret, le discret arrière-plan sensuel, aux sous-entendus forts ; affichant un fétichisme ostensible pour une longue épingle, initialement planté dans le gras de la fesse. Les cadres et les images semblaient vaguement statiques dans les premières minutes, mais un coup d'oeil à la date de sortie permet de prendre conscience de l'originalité du film et de son réalisateur : voilà un déferlement débridée qui a 75 ans.

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