Living Room Theaters - Portland, Oregon
- That's what it feels to be rich.
Père de famille avec sa femme et sa fille de vingt ans, ravi de s'installer dans les fauteuils confortables, bras posés sur les larges accoudoirs. Première réaction habituelles à l'entrée d'une salle du Living Room Theater de Portland : une soixantaine de places pas plus, fauteuils immenses, tables basses, vaste écran très proche. Un goût parfaitement de home cinema, comme dans son salon, mais dans un cinéma classique. Living Room Theater, pouvait-on trouver meilleur nom ?
Le Living Room Theater de Portland, Oregon, se trouve en centre ville, tout à côté de l'immense librairie Powell's Book. Cinéma de petite taille mais offrant six salles, avec une programmation indépendante et européenne, ce qui n'est pas toujours facile à trouver en Amérique du Nord. On entre, on explore les lieux doucement, et découvre un assemblage délicat, bien pensé, élégant. Un cinéma relativement luxueux, pleins de bonnes idées, une forme de réponse à l'interrogation moderne : à quoi bon aller au cinéma quand les films peuvent être vus dans un confort maximum à la maison ?
Même les toilettes sont immaculés, magnifiques, superbes lavabos en plan incliné, sans rebord. Juste derrière les guichets. Droit devant, les salles, dont j'ai déjà parlé, parfaitement confortables et spacieuses, équipées de projecteurs numériques modernes. Mais la plus belle trouvaille se trouve juste avant l'entrée : un magnifique bar, lumière tamisée, offrant cocktails, plats élégants, jolis desserts dans une ambiance tamisée. Et pas uniquement tamisée au bar, car il existe une option de service dans la salle...
Premier passage au Living Room Theater, j'arrive une quinzaine de minutes à l'avance, pénètre dans une salle globalement vide. Deux personnes pas plus. Deux jeunes filles arrivent peu après, munies d'un numéro sur un support en fil de fer. Cinq minutes passent, et une serveuse pénètre alors dans la salle de cinéma et s'approche des filles au numéro. Déposent deux bières, des sandwiches généreux sur des assiettes, très grills luxueux à l'américaine. La serveuse dépose son plateau près de l'entrée, s'avance tout près de l'écran, et revient vers les filles : des tablettes amovibles pour permettre de manger sans inquiétude. Elles se glissent dans le porte gobelet, bricolage efficace et bien pensé. Derrière mois, un couple est assis tout près d'une table basse, confort idéal pour manger et admirer le film.
Tout cela n'est peut-être qu'une déclinaison haut de gamme des habitudes US au cinéma, mangeant et mangeant, pop corn et autres sucreries. Mais le concept est plutôt séduisant, bien pensé, sans véritable surcoût à l'achat du billet. $11, c'est un peu plus qu'un cinéma classique en Amérique du Nord, et encore, certains multiplexes totalement lisses et anonymes tapent dans les mêmes gammes de prix ; sans parler des films en 3D à $13... Au Living Room Theater, on peut déguster une bière, un vrai dessert de qualité, tout en regardant un film peu commun, un documentaire chinois ou un film vu à Sundance. Lors de mon passage au Living Room Theater, celui-ci diffusait "L'Arrache-Coeur", certes pas le plus profond des films français, mais peu évident à dénicher aux US ; et les bandes annonces prévoyaient "Le Refuge" de François Ozon...
Y'a-t-il là un modèle à développer ? A transposer à certaines salles d'Art et d'Essai française, en particulier dans certains coins aisés de Paris ? Le Living Room Theaters semble également rentabiliser ces salles en les louant à des entreprises, cadre enviable pour quelque séminaire ou réunions de cohésions de groupe. Un équilibre qui doit fonctionner puisque le cinéma a été ouvert en 2006 à Portland, et existe aussi dans une ville de Floride.
Bien entendu, je suis retourné une seconde fois au Living Room Theater. J'ai commandé le service dans la salle, pour une bière et une généreuse tarte au chocolat. Pieds posés sur un pouf bien choisi, j'ai pu profiter au mieux de Psycho, le vrai, celui d'Hitchcock, que je voyais pour la première fois en salle. Jolie expérience, délicieuse après-midi loin de la pluie de Portland, un moment un peu hors du commun ; même si le début du film m'a tiré un sourire : Psycho était annoncé en version remasterisée pour les 60 ans du films, et ainsi projeté en HD... Les réflexes marketing du ciné des années 2000 déteint même sur les grands classiques. Les petites salles du quartier latin à Paris semblaient loin...
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