18 décembre 2010

Broken Social Scene in Ottawa, intense & moving & wonderful



Broken Social Scene 
December, 17th, 2010 - Concert at Bronson Centre - Ottawa, ON

J'ai déjà dit mon amour théorique pour Broken Social Scene, la séduction générée par leur légende connue à moitié ; et par conséquent, mon impatience à les voir en concert dans un format réel, et non plus un petit concert gratuit comme l'an passé. Leur performance au Bronson Centre d'Ottawa ne va pas réduire mon intérêt pour ce groupe.

Oui, comme je m'y attendais, les instruments tournent sans arrêt sur scène, passant de mains en mains, trompettiste devenant guitariste ou maniant la basse ; et plus généralement, un ballet incessant de guitares et basses de tout type, sautant d'un côté à l'autre de la scène, empilées durant les morceaux. Broken Social Scene est un groupe à guitare, certains morceaux mêlent 3 guitares et 2 basses, et ce sans presque aucun solo, rien que de petits riffs juxtaposés. Des couches bougeant ensemble toutes joyeuses, un joli assemblage, follement énergique, mais sans lourdeur, sans vraie surcharge, rien que des décharges profondes. Terriblement rock, et profondément indie : dynamique, intense, malin, sans virtuosité gratuite.

Cet été, pendant ses concerts, Arcade Fire s'était soudain emparé de guitares, 4 ou 5 s'étaient retrouvées sur scène pour un rock plus direct, pour jouer leur nouveau "Month of May". Je m'étais fait la réflexion : "tiens, ils ressemblent à Broken Social Scene". Ce n'est pas faux en effet, même si "Month of May" est un morceau plus direct que ceux de BSS...

Mais Broken Social Scene n'est pas qu'un groupe à guitare, un groupe aux nombreuses guitares : c'est un groupe boulimique de manière générale. Un deuxième set de percussions ou des claviers peuvent s'inviter. Régulièrement, une section cuivre s'invite sur scène, trompette, trombone, saxophone ; un tuba apparaît même sur une chanson. Une ou deux chanteuses entre pour varier les voix, offrir des choeurs, chanter une chansons purement féminine ou un duo avec la voix de Kevin Drew. Comme je l'imaginais, Broken Social Scene est un fantastique collectif, protéiforme, mouvant, où chacun apporte son énergie, son enthousiasme, son envie d'offrir au public et de faire vivre cette musique énergique.

Là aussi, difficile d'éviter une comparaison avec Arcade Fire, le groupe m'ayant longuement fasciné après les avoir vus en concert à Rock en Scène en 2005 : un groupe rock où "tout le monde jouait la musique tout le temps", à savoir apportait sa pierre à l'édifice, sa joie, laissait transparaître une vie folle et intense sur scène. L'impression est assez similaire ici, mais Arcade Fire est certainement plus théâtral, cherchant plus des effets cristallins, jouant avec les violons, la voix frêle de Régine, variant les intentions et les spectres de joie : la joie presque immobile d'un violon ou la folie de percutante de William Buttler & Richard Parry.

Broken Social Scene est un fantastique collectif, mais un collectif rock, varié mais plus compact, plus centré sur les guitares, leur déchaînement, leur énergie. Arcade Fire joue une euphorie à la limite de l'épiphanie, une fête teintée de mort ou spleen ; Broken Social Scene fait le fou, bondit et déconne. Les balancements d'Andrew Whiteman ou les bonds déments de Brendan Canning sont des spectacles à eux seuls, d'intenses déchaînements rocks, pas trop bien coiffés, avec des chemises bizarres, l'indie rock rappelant sa folie punk derrière les assemblages plus complexes, derrière les 9 ou 10 personnes sur scènes.

Et bien, il y a la figure centrale de Kevin Drew, chanteur à casquette portant veste sur T-shirt, les cheveux épars. Là aussi, une énergie folle, une envie de sauter et bouger sur scène, de rire, de raconter des blagues avec le public. Il chante un morceau dans la fosse, sous les regards ébahis des jeunes canadiens, entourés des téléphones appareils photos et leurs yeux contemporains. Kevin Drew, qui n'a plus l'air de vouloir s'arrêter, jouant et jouant encore, le concert a commencé plus de deux heures auparavant et il ne s'arrête pas, il propose un nouveau morceau et les deux roadies doivent s'adapter, fournir la bonne guitare à la bonne personne. Toute la foule bondit sans fin le déchaînement instrumental de "Meet Me in the Basement", présenté en vidéo hier ; longs applaudissements, Kevin Drew regarde la foule : "Ca vous dirait qu'on recommence un peu ?" et voici encore deux minutes des mêmes bondissements ravis.

Une énergie folle, qui explique mieux la fascination que le personnage peut générer. Mais une énergie qui n'explique pas tout : Kevin Drew possède une magnifique capacité à tisser des chansons fascinantes. Par couches de guitares, mais aussi des chansons poignantes, simples mais émouvantes. Presque à la fin du concert, la scène se vide de musiciens, et Kevin Drew reste seul en fond de scène, jouant au piano "Lover's Spite". Le silence se fait dans la salle, un silence au respect palpable ; un silence profond et riche, plein d'admiration ; un silence comme je n'en ai pas entendu souvent en concert, comparable au respect qui avait pris les 25.000 spectateurs d'Arras en 2008 quand Tom Yorke avait entamé "Exit Music (for a film)". Superbe image toute en douceur sereine, et à pas de loups, quatre musiciens le rejoignent sur scène en mode acoustique : mélodica, trompette en sourdine, harmonica ; intimité douce, le spectre de Broken Social Scene est large et riche.






Kevin DREW (LHS, guitar) - Sam GOLDBERG (center, guitar)
Brendan CANNING (keyboard) - Charles SPEARIN (RHS, guitar)

Lisa LOBSINGER (back left) - Andrew WHITEMAN (bass)

Kevin DREW (LHS, guitar, with cap) - Sam GOLDBERG (center, guitar)
Brendan CANNING (keyboard) - Charles SPEARIN (RHS, trumpet)
David FRENCH (sax)

Andrew WHITEMAN (LHS, guitar) - Brendan CANNING (RHS, bass)




 Andrew WHITEMAN (LHS, guitar) -Sam GOLDBERG (RHS, bass)

 Kevin DREW singing "Lover's spit"










Final Song: "Meet Me in the Basement





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