8 septembre 2010

Day-O, pop classic by Harry Belafonte

Day-O (Banana Boat Song)
by Harry Belafonte (1956)

Je lis actuellement un livre intitulé "How the Beatles destroyed rock'n'roll", écrit par Elijah Wald. Pas d'uchronie ou de science fiction mettant en jeu des idoles des 60s, mais une histoire de la musique populaire américaine - comme l'indique le sous-titre : "An alternative history of American Popular Music". Le livre brasse deux ou trois thèses de bases, comme l'influence des technologies sur les musiques populaires ou l'ouverture du grand public à des nouveaux genres grâce à des passeurs qui en atténuent les côtés les plus risqués : en ce sens, les Beatles ont tué le rock'n'roll sauvage en créant la pop des années 60s...

Le livre est certainement un peu superficiel pour le spécialiste, comment traiter de l'apparition du jazz, du swing, du rock'n'roll, de la pop en seulement 245 pages ? Mais il permet de découvrir ou redécouvrir les pionniers des différentes époques, les personnages clefs, les ruptures technologiques. Les luttes de syndicats de musiciens contre "la musique en conserve" des phonographes fait sourire depuis notre époque. Le lobbying des professionnels de la musique ne date pas de l'apparition du mp3 ou même de la cassette enregistrable !

Je reviendrai plus en détails sur ce livre et les différentes époques qu'il présente. Mais je ne peux m'empêcher de parler d'Harry Belafonte, personnage du chapitre que je viens de terminer.

Première vraie pop star noire, Harry Belafonte offre un mélange accessible de folk, de rythmes exotiques, tous savamment ajustés pour toucher le grand public. L'exemple même de l'ennemi, pour les spécialistes d'un genre, lui reprochant le côté tellement pop et américain lisse de son calypso ; mais une approche assumée par Belafonte, revendiquant son respect pour ces musiques, son goût pour l'étude, son envie d'en faire des tubes pour le plus grand nombre.

Et avec quel succès : en 1956, Belafonte explose et son album Calypso est le premier LP à se vendre à plus d'un million d'exemplaire ! Le format LP vient d'apparaître, les jeunes se portent plus vers les singles, et les parents sur des LP d'ambiance, donnant lieu à des collections de mood music ou à des séries exotiques où quelques rythmes "sauvages" sont saupoudrés sur des pièces de jazz. Les chants d'oiseau sont une des sensations mises en avant pour le tout nouveau système stéréo, si fidèle... Belafonte emporte donc le morceau en s'emparant d'une mélodie classique jamaïcaine, lui offrant un traitement pop élégant avec une voix magnifique. Calypso restera 33 semaines en tête des charts, et seuls 3 albums feront mieux par la suite...

Toute une vague calypso est lancée et en 1957 certains critiques parlent du calypso comme le nouveau rythme sauvage, celui qui a enterré la petite mode du rock'n'roll, déjà dépassé. Amusante prédiction vue depuis le XXIème siècle, mais illustrant bien la thèse du livre, l'histoire de la pop comme non linéaire, sans idée de progrès définie en constante.

Mais qu'importe, le calypso n'a peut-être pas enterré le rock, mais Day-O, premier titre de l'album Calypso reste un immense classique, parodié et utilisé en tous aspects de la pop culture américaine, chants de supporters ou séries télés. Le passage d'Harry Belafonte au Muppet Show est ainsi mémorable...



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire