23 septembre 2010

Bighead, la parodie de Jeffrey Brown aux teintes encore humanistes


Bighead
by Jeffrey Brown (2004)

Je connaissais surtout Jeffrey Brown pour ces petits livres autobiographiques, récits de relations amoureuses bancales au coup de crayon instable, comme dans Unlikely. Un de ses petits maîtres de la bande dessinée indépendante US, bidouillant des histoires touchantes et justes, les pieds sur terre, humanistes. J'ai donc été surpris en découvrant ce livre sur le super héros parodique Bighead. Je me demandais même si un tel livre avait été publié en France (apparemment, oui, d'après le site de la Fnac).

En fait, l'humour et la parodie font partie intégrante de l'oeuvre de Jeffrey Brown, alternant autobiographie et des petits formats avec super héros ou zombie. Sa courte histoire centrée sur Wolverine est un joli hommage, un mélange sympathique : éléments propres à l'univers des super héros X Men, mais où les filles ont le même visage que certaines ex de Jeffrey, s'interrogent sur le devenir d'une relation...

Les aventures de Bighead sont encore plus minimalistes et parodiques que le récit sur Wolverine, présentées sous la forme de courts numéros mensuelles d'une revue dédiée au personnage. Chaque épisode ne fait que quelques pages, mais comprends sa propre couverture, dans le plus pure style des comics des années 70, riches en superlatifs sur les aventures proposées. Chaque histoire oppose Bighead à un nouveau méchant archétypal, homme crabe, sumo géant, Minotaure, et les enjeux narratifs sont réduits au minimum : Bighead rapplique, trouve une solution, tout est bouclé en quelques cases. Un joli enchaînement des clichés propres au genre, allant jusqu'à proposer une petite amie inaccessible à Bighead.

Mais par delà l'assemblage exquis des thèmes liés aux super héros, la touche personnelle de Jeffrey Brown se glisse dans certaines interrogations, certaines situations, certains rapports à la relation amoureuse. Bighead est invisible mais timide, hésitant quant à ces sentiments, en particulier quand une jolie fille est impliquée. On retrouve alors les monologues et interrogations qui parcourent les oeuvres autobiographiques de Jeffrey Brown.

Ce petit mélange propose ainsi plus de profondeur que l'apparente parodie basique. La collision des deux aspects peut ainsi offrir des planches assez surprenantes : le Minotaure détruit la ville par peine d'amour mais Bighead lui explique que la rupture peut être bénéfique, qu'il trouvera une fille plus appropriée. Et la destruction s'arrête. Petit OVNI dessiné que cette discussion sur la rupture...



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