12 octobre 2010

Love Burns, Mazya présente l'adultère meurtrier et drôle en Israël

Love burns 
by Edna Mazya (1997)
sorti en France sous le titre Radioscopie d'un adultère en 2008


Ilan a 49 ans, professeur d'astrophysique à l'université d'Haïfa ; légèrement angoissé, consommateur régulier de Valium ou de somnifère. Mais heureusement marié depuis deux ans à une magnifique femme de 25 ans, séduisante, intelligente, amoureuse - un bel horizon pour cette existence autrefois étriquée, concentrée sur un ami d'enfance et une mère possessive et acariâtre.

Mais qui imaginerait qu'une si jolie femme passe vraiment ses journées à la maison, à dessiner ? Même les couples les plus proches & complices connaissent leurs bouffées d'adultère, leurs tentations ; l'ennui, la différence d'âge.

Edna Mazya construit une agréable histoire à partir de cette trame fort classique. Les péripéties surgissent  avec un joli sens de l'humour, distant, presque sans avoir l'air de rien, mais terriblement absurde, presque acide. Comment peut-on qualifier autrement une scène de meurtre par étouffement à la pipe en terre ? La description abrupte d'un tel méfait le rend totalement improbable, et l'art d'Edna Mazya est d'amener progressivement la scène à ce dénouement meurtrier, tisser une discussion, un geste imprévu, une envie passagère, une réaction qui construisent doucement un drame, qui changent monsieur tout le monde en un meurtrier.

Edna Mazya est apparemment un auteur dramatique, et n'a écrit que deux romans. Mais on devine un joli sens théâtral derrière la conduite de ce roman. Pas particulièrement dans la construction de dialogues, comme on pourrait le penser, car le livre fonctionne pas particulièrement sur de longs dialogues - pourquoi un auteur de théâtre chercherait-il à écrire un roman en se focalisant surtout sur les dialogues, pourquoi une nouvelle forme d'écriture alors ? Le sens théâtral de Mazya se sentirait plutôt dans la construction des scènes, petites situations initiales, rencontres de personnages ou déambulation, dénouement, et ce en usant de chapitre parfois très courts ou très longs - belle maîtrise du rythme narratif, aussi bien à l'intérieur d'une scène que sur l'ensemble du livre. 

Mais surtout, l'écriture de Mazya est magnifique dans sa capacité à rendre la voix d'Ilan, narrateur du roman, longues phrases faites de courtes propositions, rapides, presque haché, les petites enchaînements imprévus d'un esprit vaguement paranoïaque - pas un psychopathe chronique, juste un inquiet maladroit. De superbes monologues que l'on prendrait plaisir à dire à haute voix, que l'on apprécierait d'entendre dit sur une scène par une voix d'acteur. De telles envies ne peuvent mauvais signe pour un roman.

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