by Henri Joost & Ariel Schulman, with Yaniv Schulman (2010)
pas de sortie francaise prevue pour l'instant
Yaniv a 24 ans, photographe a New York, travaillant dans le monde du ballet ; ces photos sont publiées dans des journaux comme le New York Times. Un de ces cliches attire l’œil d'une petite fille du Michigan, Abby, petite peintre précoce : elle lui envoie la copie peinte qu'elle a faite de la photo. Une correspondance prend forme entre le photographe newyorkais et la fillette, sa famille, sa mère, sa sœur, mettant en jeu envois de colis, conversations téléphoniques, longs échanges par Facebook. En bon réalisateur de films, le frère de Nev sent la un sujet prometteur et commence a filmer cette correspondance de l’ère 2.0...
Catfish est un documentaire étrange, captation progressive et improvisée d'une relation électronique aux proportions impressionnantes. Les colis reçus par Nev contiennent rapidement plusieurs toiles, T-shirt offerts par le frère d'Abby, et surtout des dialogues de plus en plus nourris avec la sœur ainée, Megan, 19 ans. Dialogues intimes, approfondis, échanges de chansons, mots tendres, presque coquins, Nev s'attache peu a peu, sent une étrange forme de relation prendre forme. Mais les choses deviennent vraiment étranges quand Nev découvre qu'une chanson soit disant enregistrée par Megan n'est qu'une copie d'une vidéo Youtube.
Catfish se veut une enquête au cœur d'une amitiés electronique et des réseaux sociaux, et l'histoire est en effet assez fascinante. La réalisation tente de s’adapter aux échanges électroniques, captant un chat électronique au plus des lignes de l’écran, intercalant des écrans de googlemap, des captures de photos Facebook ou de textes publies sur le mur. Un joli gout de bricolage, rien de bien révolutionnaire, des gimmicks pas très éloignés d'un reportage de Capital, mais plus léchés, plus organises : il y a la une envie d'ajuster le langage cinématographique aux réalités des échanges électroniques. En ce sens, Catfish s'offre comme un témoignage de la réalité de Facebook et des amitiés a l'aveugle, par écrans interposes ; il s'agit de la face immerge du réseau sociale, par opposition au film The Social Network qui n'en offrait que les coulisses. Certains critiques ont ainsi reproche au film de Fincher de ne pas affronter le defi esthétique de Facebook, de son impact sur les échanges humains du XXIeme siècle. Critiques un peu déplacées par rapport au projet du film The Social Network ; mais vraie interrogation de cinéma, car jusqu’à présent, les échanges électroniques de monsieur tout le monde ont surtout été présentées a l’écran sous la simple forme de chat MSN en split screen, ados devant l’écran.
Ce documentaire étrange tente donc une approche dans la durée, et l’expérience est plutôt jolie & originale. Suivre les états d’âme de Nev, passant du trouble séduit aux interrogations inquiètes sur le mode "ai-je a faire a des psychopathes pervers ?", est plutôt réjouissant, sa lecture d'un dialogue cochon sur iPhone une belle rigolade. La longue confrontation avec la réalité d'Abby & Megan relance bien le film, tout en offrant un joli moment d’États-Unis ruraux, de bled paume, de famille sans trop de rêves. On peut toutefois regretter un traitement un peu superficielle de l'aventure, restreinte a une enquête du trio cinéaste, sans trop approfondir les motifs associes, le jeu des masques multiples offerts par des réseaux comme Facebook. Les petites limites du projet apparaissent ainsi dans la famille d'Abby, quand un plan sur un frère semble handicape semble un peu long et tire-larme, quand un témoignage maternel se fait un poil trop ému en gros-plan. Petit manque de distance dans la présentation de l'histoire réelle d'Abby, petit manque d’élargissement du sujet, gardant la tête dans le guidon de l’enquête.
Mais l'affaire reste assez fascinante en elle-même, et l’intégration d'images Internet pas inintéressante. Un petit documentaire agréable et gentiment édifiant.
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