7 mars 2010

Un petit livre classique des années 70

Play it as it lays
by Joan Didion (1970)

Qu'est-ce qui fait que Iago est mauvais ? demandent les gens. Mais Maria ne pose jamais la question. Depuis l'hôpital psychiatrique, Maria ne pose pas de questions, je cherchent pas d'explications aux faits, ne croit pas aux motivations et au principe de cause à effet ; les explications s'appliquent si peu aux situations spécifiques.

Maria vient du Nevada, son père jouait, jouait, il avait même gagné une ville au jeu. Un future centre touristique, c'était certain ; dommage que l'autoroute ne soit jamais construite comme prévu... Alors Maria était partie à New York, avait joué les modèles et fait beaucoup de rencontre. Puis ces dernières années, elle habitait sur Hollywood, mariée à un jeune réalisateur.

Joan Didion offre une description d'Hollywood à la fin de son dernier âge d'or, les producteurs, les acteurs, les soirées, les petites frappes gays, les fêtes et les combines ; les avortements, les regards désabusés. Maria flotte de pages en pages, courts fragments, dialogues saisis en cours de route et devenus purement absurdes, toute signification estompée. Le show business est un monde étrange et malsain, joueur, avide de plaisir, à la morale biscornue.

L'impact du livre n'est peut-être plus aussi important que lors de sa publication ; la décadence du monde du spectacle ne semble pas d'une originalité folle, le sujet paraît parfois convenu. L'écriture elle-même intrigue un peu, tout en fragment, petites scènes, comme un script de cinéma ; Joan Didion écrivait des scénarios avec son maris. L'écriture est cohérente avec le thème, ainsi qu'avec le flottement permanent de Maria, mais on souhaiterait parfais plus de détails.

Subsiste tout de même une poignée de passages saisissants. Maria, déboussolée, roulant chaque jour sur l'autoroute, du soir au matin, se nourrissant d'un oeuf dur ou deux, dépiauté une main encore sur le volant. L'image fait mouche, on saute d'une voie à l'autre avec Maria, et s'arrêtent pour partager avec elle un Coca-cola dans une station service.

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