14 mars 2010

Joe Matt est un obsédé du X et c'est drôle à lire

Peepshow - The Cartoon diary of Joe Matt
by Joe Matt (1987-1992)

Joe Matt vit chichement. Il n'a pas beaucoup d'argent, il réutilise plusieurs fois les sachets de thé.
Joe Matt aime parler avec la voix de Donald Duck.
Joe Matt fait pipi dans le lavabo.
Joe Matt est allé dans un lycée catholique.
Joe Matt regarde beaucoup de vidéos porno. Sa masturbation est compulsive.

Joe Matt raconte tout cela dans des épisodes d'environ une planche, chroniques de sa vie de 1987 à 1992.

Il est un peu étrange de lire de nos jours un tel journal, récits intimes parfois espacés de plusieurs mois ; les blogs de bande dessinée sont légions, le moindre petit dessinateur peut poster en direct ses confessions, sur un rythme quasi quotidien. Il se dégage donc une impression de pionnier, de planches ancêtres. Certes, Harvey Peckar ou Robert Crumb avait déjà produits des comics autobiographiques ; mais ces planches donnent une véritable impression d'ancêtre du blog.

L'autobiographie en bande-dessinée est entrée dans les habitudes, les ouvrages ne manquent pas de nos jours, les exemples variés. L'originalité de ces morceaux de Peepshow ne tient pas à l'approche adoptée mais bien au personnage de Joe Matt, sorte de loser névrosée qui n'hésite pas jouer avec ses défauts, les grossissants doucement, les rendant doucement fascinants. L'auteur ne s'épargne pas et les anecdotes sont souvent cruelles et terriblement drôles, récit d'un job d'été dans une usine de ballet, portrait du chat biscornu de son colloc, des dialogues avec un ami en prenant une voix de canard, des échanges avec une prostituées newyorkaise dans un cinéma X miteux.

Car Peepshow n'est pas un titre choisi par hasard. Joe Matt est tiraillé par une obsession profonde pour les vidéos X, la masturbation, immaturité sexuelle induite par une éducation catholique stricte, en contre-coup. Habitude de vie difficile à combiner avec une longue relation amoureuse, et les échanges avec Trish ne sont pas toujours évidents.

La bande dessinée autobiographique est courante de nos jours, et certains ne manquent pas de jouer avec humour de leurs obsessions les plus vulgaires, n'est-ce pas Frantico ? Mais rarement des instants quotidiens, pièces de vie peu reluisantes, ont été présentées dans les planches d'une bande dessinée, des planches si drôles et cherchant de nouvelles pistes formelles.




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