When I grow up
by Fever Ray (2009)
Jeune fille debout sur un plongeoir, les cheveux longs tombant dans les yeux. C'est une piscine de jardin, une maison sans étage certainement mais une grande piscine creusée dans le sol ; un peu sale, des feuilles éparpillées sur l'eau, et le ciel flotte gris, une lumière sombre tout autour. La jeune fille recule sur la plate-forme, Converse blanches usées, tachées de bruns, lacets gris, elle recule vers l'eau en lui tournant le dos. Un défi enfantin, un jeu de peur, un t'es pas cap silencieux.
D'ailleurs, l'instant n'est pas anodin. Elle songe, tête rentrée dans les épaules et cheveux balayant le visage, elle songe à son avenir : quand je serai grande. Peut-on mieux lancer une chanson ? Une chanson de rêves enfantins, d'imagerie gothique pré-adolescente : quand je serai grande, je vais être garde forestier, courir dans la mousse sur des talons hauts, jeter le boomerang et attendre qu'il revienne.
Karin Dreijer Anderson de Fever Ray tisse un nouveau petit conte, les paroles d'une jeune adolescente songeant à l'avenir, mélange de naïveté et cruauté ; atmosphère renforcée par les vagues synthétiques de la musique, lente et longues mais presque ridicules par certaines sonorités électroniques basiques. On retrouve l'alliance du duo The Knife dont Karin Anderson est la chanteuse, les ambiances étranges et inquiétantes, l'écriture limpide et remplies d'images inquiétantes : ici, de simples strophes de 4 ou 5 vers, comme une comptine, à peine en décalage, grimaçant tout légèrement.
La vidéo transpose cet approche simple à la bizarrerie esquissée. Jeune fille simple, à peine pâle, sur une simple piscine d'une banlieue quelconque. Juste quelques rubans et fourrures surprenantes, des mouvements de danse un peu imprévu, et voici une scène dont l'atmosphère grandit, une diablerie, un appel innocent au sabbat, comme une adolescente au regard entouré d'un noir gothique au lycée du quartier. Que peut-elle vraiment se raconter, debout sur son plongeoir ?
When I Grow Up from Fever Ray on Vimeo.
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