Star Trek
by JJ Abrams (2009)
by the Beastie Boys (1994)
Le nouveau film Star Trek début par une séquence spatiale un peu étrange, introduction très classiques : le méchant détruit le père, voici quelques grammes de psychanalyse pour introduire le héros et donner de l'épaisseur à l'histoire. La séquence possède un faux rythme étrange, immense destruction space opéra dont l'intensité ne prend jamais, comme observée à distance ; une étrange sensation de vieux film de Science-Fiction, tournée en studio avec des effets spéciaux visibles comme les coutures d'un patchwork, plutôt kitsch. On craint de se voir confronté à une horde de lieutenants bavards en pyjama, dirigeant les attaques entre vaisseaux depuis une salle de commande ; on craint d'avoir du mal à entrer dans l'univers de Star Trek, pas forcément très connu en France.
Mais le générique laisse aussitôt la place à subite montée d'adrénaline : le jeune Kirk, orphelin, traverse les champs de l'Ohio à bord d'une voiture volée, sur fond de musique surexcitée. Comme un vidéoclip musical riche en travellings et en effets de vitesse, et quel plaisir d'entendre hurler les guitares du Sabotage des Beastie Boys ! Bande son idéal, cri de révolte des trois branleurs du rap des années 80-90, écho parfait au jeune blondinet rebelle au volant de sa voiture volée.
Et l'écho ne tient pas seulement à cette tonalité de révolte si l'on jette à nouveau un oeil à l'amusant clip vidéo de Sabotage, dépeignant des flics de série poursuivant des bandits. Un clip au style ostensiblement "télé des années 70s", qui rajoute une couche de clin d'oeil : le Star Trek d'origine est une série millésimée de la fin des années 60, non ? Une fois ce jeu de clin d'oeil lancé, difficile de ne pas songer aux années 50 en voyant le jeune Kirk foncer dans sa décapotable au milieu des champs vierges, sorte de James Dean dans les étendues lisses de "La mort aux trousses" ; effet d'autant plus fort que le film ne convoque alors aucune architecture futuriste, rien que des champs et une voitures aux lignes très fifties. Les guitares grondent sans fin et les Beastie Boyes hurlent, mélange toujours aussi surprenant quinze ans après sa sortie, mais à la fraîcheur paradoxale ; difficile en effet de ne pas songer à tous les groupes de rap-métal de la fin des années 90, façon Rage against the Machine ou Likin Park, qui ont tenté de donner vie à une telle énergie brute guitare / rap...
En trois minutes, le film convoque donc des échos pop de plusieurs décennies, un joli salad bowl de sous-culture, un iPod en mode mix aléatoire. Quand le jeune Kirk est rattrapé par la police, il se retourne pour faire face à l'officier à moto, et celui-ci est un sévère robot comme sorti de Terminator ; le rêve de cuisine pop prend de nouvelles teintes et s'efface doucement, nous revoici face au futur & à une nouvelle mythologie de science-fiction. Le film peut vraiment commencer, adoptant enfin le rythme trépidant qui en fait une jolie sucrerie divertissante.
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