6 septembre 2009

Des gags et quelques beaux morceaux de cinéma, redécouvrons John Hugues

Sixteen candles
by John Hugues (1984)

John Hugues est mort il y a quelques semaines et la critique cinéphile internationale a chanté ses louanges. Le prince de la comédie adolescente des années 80, a-t-on pu lire. Surgissement étrange et saisissant pour un nom dont je n'avais pas entendu parler une seule auparavant ; trop proche assurément pour avoir eu droit à une réhabilitation critique.

En effet, le plus gros fait de gloire de John Hugues est d'avoir été l'auteur du scénario de "Maman j'ai raté l'avion". Succès immense au début des années 90, mais pas tellement attirante pour sa profonde cinématographique ; un gosse, des gags, des millions au box office et beaucoup de suites...

Mais voilà, John Hugues n'a plus réalisé un seul film après ses succès monstre. Il est juste crédité pour le scénario de quelques grosses comédies familiales. Fortune faite, il s'est retiré, tranquillement, une sorte de Salinger du ciné commercial. Il a juste publié quelques romans sous le pseudonyme d'Edmond Dantès ; indice d'une profondeur voilée par un gamin qui a raté l'avion.

Et en effet, son premier film, Sixteen Candles, est un objet assez surprenant. Effet immédiat d'un voyage temporel : couleurs étranges, musique synthétique, brushing Gabriella Sabatini romance adolescente épaisse, nous voici bien dans les années 80. Samantha fête ses 16 ans et sa famille oublie l'événement ; grosse déprime dans le regard fraîchement maquillé, d'autant que son amour pour le beau Jake semble totalement impossible.

Mais les scènes séduisent peu à peu par leur puissance comique, un sens du rythme et du gag, une outrance, une absence de retenue. Voici une ado dont la liberté de mouvements est restreinte par une minerve et on la voit peiner pour boire à une fontaine. Voici un chinois hystérique sortant avec une athlête d'une tête de plus que lui, maniant haltères et vélo d'appartement. Voici une brochette de geeks avec gadgets électroniques désuets, matant les filles aux lunettes infra-rouges. Voici une hallucinante scène de fête dans une maison détruite. Voici un jeune sans permis mis au volant d'une Rolls décapotable. Voici une mariée dérivant ivre dans l'église pour un excès de cachets. Une folie profonde et un sens du détails à l'efficacité indéniable.

Le rire rend ainsi la sucrerie adolescente plus digeste et quelques scènes libèrent une jolie puissance cinéphile, de beaux cadres, des travelling justes. Et le dosage du gag et du sens parvient parfois à un équilibre superbe, telle une longue discussion en tête à tête dans une voiture en réparation : de l'humour bête, des dialogues subtilement au service du récit, de jolis regards d'acteurs, et un subtil clin d'oeil théorique. En effet, belle vision déconstruite de la drague en voiture, dans ce garage où la voiture n'a plus que deux sièges, deux portes et un volant, pas beaucoup plus.

Pas mal pour un produit que l'on aurait cru terriblement formaté.


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