Certains titres se suffisent à eux-même, savent créer leur petite légende. Ils s'invitent un jour, apparaissent sans prévenir, au détour d'une écoute radio, d'un blog, d'une compilation préparée par un ami. Collés à quelques souvenirs, séduisants, intrigants, simples mais évidents ; petits assemblages presque modestes, dont on décode peu à peu le cheminement, dont on se met à retrouver les petites sinuosités. Une richesse du détail qui n'a besoin de rien d'autre, pas même de chansons d'accompagnement, d'un album complet, encore moins d'anecdotes sur les interprètes.
Marquis de Sade, un nom de groupe marquant, un titre perdu sur une compilation des Inrocks il y a 6 ou 7 ans. Quelques mots-clés, new wave rennaise, post punk, amis de Daho. Et rien que ce titre, Wanda's loving Boy. Quelques sursauts de synthétiseur, la paire d'accords de guitare répondant au roulement de basse, la voix distante aux arrière-goûts frais de cold wave à l'accent français, les moments de suspension, les aspirations de saxophone. Un scénette de théâtre, quelques bouts de ceci et cela, des poupées de chiffons, un petit film en noir et blanc ; mais tout ceci défile fluide, et se repasse encore et encore, s'imprime, reste fascinant mois après mois après années.
J'ai cherché un peu l'album Rue de Siam, dans quelques magasins parisiens. Sans vraiment pousser les recherches très loin. Sans aller jusqu'à explorer les plates-formes de téléchargement. Ce morceau suffisait, son histoire personnelle, sa magie infinitésimale.
Et puis, un peu par hasard, j'ai découvert cette vidéo, le clip noir et blanc datant de 1981. Images stylisées, ambiance délicate au diapason, silhouettes sombres et fines ; les cheveux épars, pas encore surchargées comme les Cure quelques années plus tard. Petits rebelles à l'élégance sobre. Une belle petite pépite, comme le morceau lui-même, et comme la chanson, j'ai chaque fois envie de revoir la vidéo à la fin d'une vision. Sans savoir vraiment le justifier, ou alors très poétiquement, si je voulais vraiment essayer, quelques impressions, quelques faisceaux, quelques couleurs, teintes et échos - mais une douce musique, de doux flots. Et peut-être enfin une envie d'en savoir un peu plus ; mais peut-être pas, qui sait ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire