29 décembre 2009

Une invention du mensonge bien sage

The invention of lying
by & with Ricky Gervais, with Jennifer Gardner (2009)

Et si le mensonge n'existait pas et n'avait jamais existé ?
Nul ne peut dire ce qui n'est pas et voici le serveur présentant un vin qui n'a pas l'air terrible ce soir ou une secrétaire annonçant à son patron qu'elle le déteste. Point de départ simple et efficace pour une comédie, et les situations singulières ne manquent pas dans les premières minutes : comment travailler pour la publicité sans mentir ? comment donner espoir à un malade quand on sait qu'il va mourir ce soir et ne peut s'empêcher de lui dire ? comment tourner un film quand les concepts de fictions et d'acteurs sont inimaginable ?

Bien entendu, un homme va un jour dire un mensonge et se libérer de l'emprise du réel. Un petit homme ventripotent, récemment viré, rembarré par une jolie fille dès le premier rendez-vous : un petit loser, mais un loser malin, c'est plus drôle ainsi. Il peut donc améliorer son ordinaire, et redonner un peu de bonheur aux gens, car bon, il veut leur bien.

Le parti pris du film est assez original finalement car cette invention du mensonge n'est pas contagieuse. Seul le petit homme rond ment et invente des histoires, et personnes ne s'interroge. Voilà un système poussé à son extrême, qui génère quelques scènes magnifiques et grandioses : voici notre petit homme rond apportant les tables de la loi dictées par l'homme qui réside dans le ciel, deux feuilles de papier collées sur des boîtes de pizza... Epiphanie à la pizza bientôt reproduite sur des vitraux d'Eglise...

Mais cette absence de contagion du mensonge n'est pas le seul parti pris extrême du film. Voici une population qui ne sait mentir, mais semble surtout incapable de raisonner irrationnellement. Ainsi, avant d'envisager un mariage, il faut songer aux potentiels des deux parents, afin de ne pas pénaliser les enfants. Satire simple de la société américaine, assurément, mais dont le lien avec le mensonge ne semble pas évident, et peine à vraiment se renouveler dans la seconde moitié du film.

Car le parti pris le plus extrême du film est assurément son faux rythme. L'absence de mensonge semble rapidement générer une absence de spontanéité chez les protagonistes, tournant leurs idées 7 fois dans leur tête avant d'oser prononcer une parole. La folie à froid du début, parfois vertigineuse, se change bien vite en absence de folie, un humour distant, pas désagréable, mais peu stimulant. Il y a bien quelques saillies, quelques sursauts, mais les idées ne semblent utilisées que mollement, les situations pas poussées à leur extrême, les possibilités du scénario pas explorées totalement. Quel monolithisme des personnages ! Quel patience dans les situations : où sont les comédies de l'Age d'Or et leur rythme haletant, leurs dialogues mitraillettes ?

Un film singulier donc, un peu frustrant par sa sagesse et son manque d'exploration...



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