film de Patrick Demers, avec Maxime Denommée, Sophie Cadieux, Benoît Gouin (2011)
Rangement d'appartement d'un lendemain de fête. Le jeune couple se dispute un peu. Marianne a tout de même un peu fait la folle la veille au soir - mais elle a bien le droit de s'amuser un peu, non, et Thomas n'a pas grand chose à y dire. Quelques phrases volent, on connaît cela.
Bientôt, Thomas rêve dans la rue. Où va ce couple ?
Un petit week-end dans un chalet ne pourra pas faire de mal, quelques jours au grand air. Les activités, rompre le rythme, et il est trop bête de ne jamais avoir profité de l'offre de l'oncle Michel... Un si beau chalet au bord d'un lac... Il suffira de prévenir l'oncle et de récupérer les clés chez le voisin...
Un jeune couple qui se cherche et une maison de vacance loin, loin pour le week-end : oui, voici un petit drame psychologique à la québécoise, où le chalet au bord du lac joue le rôle de la maison de campagne qu'on emprunte. Il y a bien sûr un voisin un peu mystérieux pour aviver les tensions, il y a aussi un incident qui cloue le couple dans la maison, sans possibilité de sortie ; il y a une première nuit mystérieuse où l'alcool va troubler les souvenirs ; il y a de petits musiques classiques pour surligner doucement l'ambiance inquiétante. C'est une sorte de "Harry un ami qui vous veut du bien" en mode canadien, chalet et canoë.
Le cinéma d'auteur québécois n'est pas très différent du cinéma d'auteur français, surtout pour un jeune auteur comme Patrick Demers, dont c'est ici le premier film.
Mais si les effets transparaissent assez clairement, laissant l'impression de voire les coutures, force est de reconnaître que la première moitié du film fonctionne bien. Les scènes courtes s'enchaînent de manière rythmée, un petit jeu de flash back se met en place, l'inquiétant et mystérieux voisin est en effet agréablement mystérieux et inquiétant. Pas de problème, on se prend au jeu, et la maîtrise technique supporte bien le mouvement du film : en plus de flash backs bien dosés, de nombreux plans contemplatifs s'intercalent, plans de lacs ou gros plans sur une fleur, particulièrement bien captés. Les prises de vues sont majoritairement effectuées en focales courtes, très faibles profondeur de champs, et les images jouent souvent des effets de flous, une fleur nette perdue dans un contexte flou, des visages aux nettetés hétérogènes - l'étrangeté s'installe, les interrogations.
On sent donc poindre la jolie surprise, le petit film bien construit, un petit trésor qu'on se réjouira à citer : "Jaloux, quelle belle petite surprise québécoise."
Hélas, le joli dosage se déstabilise doucement au fur et à mesure que le film avance. Le film déroule son système avec trop d'application. Si les plans de nature restent beaux, vaguement dérangeants ou envoûtants, les flash backs se font trop systématiques, trop explicatifs, trop insistants sur la grande première nuit, sur les recherches concernant le voisin. Trop de logique dans cette histoire d'étrangeté, et l'espace d'imagination du spectateur se restreint, et l'ampleur de l'intrigue se révèle finalement assez limitée : "ah, le voisin mystérieux, c'était juste ça... Et ça va juste conduire à ça..." L'insistance à expliquer se fait agaçante, étriquée, d'autant que certaines autres scènes semblent plus maladroites, moins justifiées dans le scénario : l'équilibre ténu s'est perdu, il ne reste plus grand chose, la part d'inquiétude latente, de doute qui subsiste se trouve écrasée sous les petites explications.
Une forêt mystérieuse, superbement filmée, pour au final recevoir une histoire assez unidimensionnelle. C'est un peu dommage, peut-être lié au fait que quatre personnes soient créditées au scénario : trop d'idées, trop de brainstorming, conduisant à la perte de l'élan, du fil ténu ? Difficile de savoir, mais il serait passionnant de voir Patrick Demers appliquer ses talents de filmeurs à une histoire moins prévisible.
On sent donc poindre la jolie surprise, le petit film bien construit, un petit trésor qu'on se réjouira à citer : "Jaloux, quelle belle petite surprise québécoise."
Hélas, le joli dosage se déstabilise doucement au fur et à mesure que le film avance. Le film déroule son système avec trop d'application. Si les plans de nature restent beaux, vaguement dérangeants ou envoûtants, les flash backs se font trop systématiques, trop explicatifs, trop insistants sur la grande première nuit, sur les recherches concernant le voisin. Trop de logique dans cette histoire d'étrangeté, et l'espace d'imagination du spectateur se restreint, et l'ampleur de l'intrigue se révèle finalement assez limitée : "ah, le voisin mystérieux, c'était juste ça... Et ça va juste conduire à ça..." L'insistance à expliquer se fait agaçante, étriquée, d'autant que certaines autres scènes semblent plus maladroites, moins justifiées dans le scénario : l'équilibre ténu s'est perdu, il ne reste plus grand chose, la part d'inquiétude latente, de doute qui subsiste se trouve écrasée sous les petites explications.
Une forêt mystérieuse, superbement filmée, pour au final recevoir une histoire assez unidimensionnelle. C'est un peu dommage, peut-être lié au fait que quatre personnes soient créditées au scénario : trop d'idées, trop de brainstorming, conduisant à la perte de l'élan, du fil ténu ? Difficile de savoir, mais il serait passionnant de voir Patrick Demers appliquer ses talents de filmeurs à une histoire moins prévisible.
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