4 juillet 2009

Le jeune Trombone Shorty étouffe le révérend

Concert de Trombone Shorty
27/06/2009 - Ottawa Jazz Fest
La foule debout tape du pied, bras en l'air et battant des mains, hurlant de joie : samedi 26 juin, plus grosse affiche du festival de jazz d'Ottawa, le public est nombreux et enthousiaste devant la performance ; cependant, il ne s'agit pas encore du concert d'Al Green, la tête d'affiche, mais d'un groupe de la Nouvelle Orléans, mené par l'impressionnant Trombone Shorty.

Cette équipe de 7 musiciens libère une énergie impressionnante à la suite du leader, le grand Trombone Shorty. Le jazz funk bondit sans fin entre les mains de ces jeunes gens aux looks parfois surprenant, tel cet immense et massif Big D derrière ces tam-tams, aux airs de rapper échappé d'un clip Gangsta Rap. Tous excellents techniciens, de la guitare à la basse, de l'impressionnant batteur au saxophone sauvage ; et pourtant, le patriarche du groupe ne dépasse pas les 26 ans. Mais Trombone Shorty s'affiche en leader incontestable, bête de scène sautant du trombone à la trompette, maniant parfois toute sa troupe du bras pour accompagner au mieux un long solo de saxophone.

Le public amateur de jazz se retrouve face à une vivacité magnifique, libération d'énergie brute et polie, la puissance d'un grand concert en plein air ; voici donc les paisibles quinquagénaire d'Ottawa qui s'essaient à quelques pas de danse hip-hop sous les conseils du bavard Trombone Shorty. Un bavardage plein de tchatche, sorti tout droit de la grande ville de la Nouvelle Orléans, à l'accent nébuleux, à la fois nonchalant et tendu : "N'hésitez pas à aller boire des bières. Plus vous boirez, et plus vous aurez l'impression que notre musique est bonne !"

L'euphorie musicale aboutit même à une réussite insoupçonnée : un medley décent et efficace de musique de Michael Jackson. Trois ou quatre morceaux enchaînés en version funk instrumentale, avec riff de saxophone pour Bad ; la foule réagit ravie, danse, chante, devient folle, et voici peut-être le meilleur moyen de rendre hommage au King of Pop. Loin de l'overdose médiatique et des articles similaires, voici cette pop efficace vivante, partagée par ce public immense, par tous ces amateurs de musique.

Après cette performance surprenante et explosive, le révérend Al Green fait presque pâle figure. Groupe professionnel, certes, mais dont le son est réglé sans finesse, dont la personnalité des musiciens est effacée derrière l'égo immense du performer soul. Peut-être la foule aurait-elle été moins tentée de s'agacer si le révérend a pris la peine de chanter un peu plus, de lancer moins de roses dans la foule ou de passer moins de temps à se rouler par terre.

Certains errent déjà nostalgiques du génial Trombone Shorty et de son gilet de corps sans manche, cherchent à en piéger encore un peu de magie du côté de la boutique de CD. Las, le kid de la Nouvelle Orléans est arrivée sans disque, tous les exemplaires ayant été vendus lors des concerts précédents ; ce qui est peu surprenant. Attitude un peu jeune, se dit-on, tellement moins professionnelle que le vétéran révérend, et tellement plus fraîche et musicale.




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